L'hôtel de ville

Jusqu’en 1822, il n’existe pas de maison communale (ou mairie) à Asnières et le Conseil municipal se réunit au domicile des maires successifs. Le 12 août 1822, la Ville rachète l’ancien presbytère et une « pièce tout à fait isolée de l’habitation du pasteur fut convertie en Maison commune ». Le 23 juillet 1845, à l’occasion de la reconstruction du presbytère, le Conseil municipal décide de « transporter provisoirement la Mairie avec les archives dans l’une des anciennes maisons d’écoles ».

La propriété de cette vieille maison délabrée où est logé le bedeau est discutée par l’Église et la Commune qui décident un partage officiel devant notaire les 12 et 15 juin 1847.

Vers 1935, le local ayant servi de mairie provisoire, situé au n°13 de la rue de l’Église, est démoli avec les maisons qui l’entourent pour l’agrandissement de la place.

Le 4 novembre 1849, le Conseil municipal s’installe en face au n°10, dans un bâtiment achevé le 4 avril 1839 à l’emplacement de l’ancien cimetière, place de l’Église et ayant servi d’école communale.

Ce bâtiment, démoli vers 1929, abrite les services de la Ville de 1849 à 1875. En 1875, la Ville d’Asnières se rend acquéreur de l’ancienne propriété de Monsieur Vanin de Courville, ancien magistrat, et les services municipaux s’installent dans la grande maison d’habitation datant du siècle précédent. Les services sont à l’étroit, malgré les réaménagements des bureaux en 1893.

 

Le Passé et le Présent

Le 15 avril 1895, un concours d’architecture est ouvert à l’hôtel de ville de Paris. 57 candidats y participent et le 13 août, le projet d’Emmanuel Garnier, jeune architecte de 33 ans, ancien élève de l’école des Beaux-arts est retenu.

Le premier coup de pioche est donné le 25 juillet 1897 et le 10 octobre suivant, M. de Selves, Préfet de la Seine, pose la première pierre, « au milieu d’un immense concours de population ». Au cours de l’été 1899, les bâtiments de l’ancienne mairie sont abattus et l’hôtel de ville est inauguré le 15 octobre 1899. 

 

Le Hall et le Grand escalier

Au deuxième étage, une galerie centrale, située dans l’axe du grand escalier et éclairée par 3 coupoles splendidement décorées par le sculpteur Margotin (célèbre par l’ornementation sculpturale de la Mairie du Xe arrondissement de Paris), sépare et dessert la salle des délibérations du conseil municipal et la salle des mariages, toutes deux remarquables… Les décorations de cette salle sont d’une réelle beauté. Elles sont dues au ciseau des sculpteurs Romain Chevré père et fils. 

Dans le hall d’entrée monumental, la mosaïque est composée de 600 000 carrés de marbre de 20 millimètres de côté. L’entreprise Voillaume, chargée de la réalisation, a fait construire des machines spéciales pour les découper. 

 

La galerie et la salle des mariages

Le 20 décembre suivant, le Conseil général de la Seine, décide l’ouverture d’un concours « pour la décoration artistique, à ses frais, de la salle des fêtes de la Mairie d’Asnières ».

Les artistes doivent « s’inspirer de vues prises exclusivement dans la région d’Asnières ».
114 candidats déposent leurs esquisses le 10 décembre 1900 à l’hôtel de ville de Paris. Parmi ceux-ci, Paul Signac, dont un ensemble de quatre panneaux prouve sa participation, mais également Dufy, Friesz et le Douanier Rousseau font partie de cette liste. Le 17 juin 1901, le peintre marseillais Henri Bouvet (né en 1859) remporte le concours de la décoration de la salle des mariages qui sera terminée le 2 mars 1904. 

Jusqu’en 1935, la salle des fêtes et des mariages abrite les principales manifestations culturelles et les bals de la Mairie, notamment ceux du bureau de bienfaisance.

Après la création d’une « grande salle des fêtes », transformée en « grand théâtre » en 1980, au centre administratif et social, l’hôtel de ville continue de recevoir dans ses salons (salle des mariages et cabinet du maire), les banquets et les réceptions de personnalités diverses (Georges Bidault en 1951, Georges Pompidou en 1963 ou André Malraux en 1974, etc.), les remises de décorations et certaines conférences ou concerts.
Plus récemment, l’hôtel de ville a connu une importante rénovation (les façades en 1989, le hall en 1990 et la salle des mariages en 1992).
Derrière l’estrade en bois verni, commandée à l’ébéniste Préau en 1901, un couple de mariés se promène le long de l’île de la Grande Jatte.
Au fond, on distingue au loin, le pont de chemin de fer, masquant le pont routier.
L’ensemble se compose de 4 panneaux représentant les bords de Seine à Asnières et ses environs.
À droite et encadrant 5 grandes baies vitrées, l’auteur a choisi de représenter l’île des Ravageurs et notamment l’entrée du cimetière des chiens (ouvert en 1899), à la hauteur du pont de Clichy.
Au fond de la salle, le port de Clichy et les grues de l’usine à gaz servent de cadre aux déchargeurs de charbon et aux conversations de femmes à bord des péniches. On aperçoit aussi, le pont d’Asnières, l’île Robinson et l’île des Ravageurs.
À gauche, autour de 3 arcades ouvrant sur la galerie du deuxième étage, se déroule la perspective du quai d’Asnières avec ses passants, en amont du pont de Clichy et des deux îles.
Des chalands tirés par un remorqueur évoluent au fil de l’eau.
Quant au plafond, le peintre Henri Courcelles-Dumont a choisi de représenter de gracieuses allégories, riches en couleurs.

La salle du Conseil

 

Les sculptures de la salle du conseil municipal ont été exécutées par M. Raynaud, à qui l’on doit les sculptures et les décorations de l’hôtel de ville de Levallois-Perret.
Les décorations picturales sont de Henri Lacouture, artiste peintre asniérois (né en 1841) à qui l’on doit la restauration des décorations de la Sainte-Chapelle…
Ces panneaux furent peints vers 1900.

 

Le cabinet du Maire

Du cabinet du maire de 1901, seuls le grand bureau Ministre à pilastres sculpté en noyer massif et orné des armoiries de la Ville (fourni par la Maison Balman et Bignand, 6 rue de Lyon à Paris) et le fauteuil en bois assorti subsistent.
Le cabinet du maire a été entièrement réaménagé au début du premier mandat de Michel Maurice-Bokanowski par l’architecte d’intérieur Pierre Cruège.

Le « Bateau lavoir Armand » peint par Alexandre Jacob et acquis pour la décoration du cabinet du maire se trouve actuellement dans le salon Jean-Claude Boutiffard.

 

Le monument commémoratif

Cruellement marquée par la guerre de 1870, la Ville d’Asnières élève au début du XXe siècle un monument aux morts, également dédié aux victimes de la guerre de Crimée, menée en 1854-1855 contre le Tsar Nicolas 1er.
La figuration est édifiante et semble s’inspirer de l’iconographie sacrée : un soldat mourant soutenu par la mère patrie qui lui présente le drapeau comme suprême espoir.
Le monument commémoratif a été sculpté par Auguste Maillart et érigé par souscription publique à l’initiative de Laurent Cély, conseiller général. Il a été inauguré le 28 juillet 1901.

Auguste Maillart a également réalisé le buste en bronze de Marianne situé à l’hôtel de ville.